Le gâchis (d’) parme entier

Lorsque j’ai décidé de me lancer dans l’aventure blogguesque, je me suis jurée de ne pas commenter l’actualité politique ou économique.

D’abord, parce que ce n’est pas le propos de ce blog.
Ensuite, parce cela a tendance à :
- augmenter ma pression sanguine,
- me provoquer des rictus et froncement de sourcils qui ont un effet désastreux sur mes rides,
- me faire tellement grincer des dents que mon petit cœur fragile se serre déjà d’angoisse à l’idée du devis que va me faire mon dentiste lundi (je devais le voir aujourd’hui mais je pense que dans un grand élan de générosité il a voulu que je passe un WE agréable et a donc reporté le RV)

Bref, pour ma propre santé mentale et physique (et la tienne), j’ai décidé de t’épargner mes remarques acerbes et désagréables et, je te rassure cher lecteur, il est bien dans mon intention de continuer ainsi.

Cependant, comment ne pas évoquer le dernier drame dont parlent tous les journaux ?

D’autant que je ne sais pas pour toi mais moi, lorsque je lis les affres des grands de ce monde et bien j’en oublie presque les miens.

Découvrir tous les tourments et persécutions que doivent endurer Nicolas, Muammar, Dominique, Leila, ou même Luc [Je m’excuse humblement auprès de toutes les autres victimes tout aussi injustement vilipendées mais dont les prénoms ne sont point ici cités. En raison de l’ampleur du phénomène (car l’infortune* ne tient pas compte du nombre de Cartier pour frapper), il m’est malheureusement impossible de fournir une liste exhaustive.], me permet de prendre conscience de ce que sont vraiment la souffrance et l’injustice. Il m’est ainsi ensuite beaucoup plus facile de relativiser tous mes petits problèmes.
Humm, en me relisant, je me dis qu’à m’exprimer de manière trop abstraite, mon discours peut s’avérer incompréhensible. Je vais donc prendre un exemple simple:
C’est comme quand tu dois manger une assiette de salsifis. Ton 1er réflexe, c’est une grimace, des beurk et tout et tout.
Puis, tu penses à tous ces petits somaliens (et aux grands aussi) qui meurent de faim et tout d’un coup, t’as un peu honte de ton attitude et tu finis par t’avaler l’assiette (oui, même l’assiette, pour te punir de tes mauvaises pensées !) en pensant que ta situation pourrait être vachement pire. C’est plus clair maintenant ? J’en étais sure.

Bref, lorsque j’ai lu les malheurs de Silvio, j’en ai été toute bouleversifiée et j’en ai aussitôt oublié tous mes problèmes de paiement du dentiste.

Figure-toi que le pauvre homme a semble-t-il tellement abusé de charmeggiano, et de pasta* à la sauce au vin (en pot oui mais faite maison !) qu’il se sent maintenant complètement nauseato ; d’autant que certains envieux lui reprochent d’avoir fait preuve de trop de gourmandise !
Il a beau se défendre et assurer qu’il a tout payé Ruby sur l’ongle, ces jaloux ne veulent rien entendre.
Fatigué par toutes ces pressions, Silvio veut désormais qu’on lui lâche la grappa et qu’on le laisse enfin s’occuper de son oseille (ou était-ce de ses oignons? j’ai maintenant un doute) sans plus avoir à supporter des leçons de moralezza de gens qui de toutes façons n’ont rien compris à la gastréconomie.
Il a donc pris sa décision : comme il est hors de question qu’on lui fasse mangiare de la mierda , il s’en va, na !

Notre pauvre cavaliere se trouve désormais face à un nouveau grand problème: s’en aller oui, mais où ?
Il a en effet bien compris qu’il devait changer de régime car le sien a fini par nuire à sa santé et lui cause bien des aigreurs d’estomac. Pour autant, il ne sent pas prêt à renoncer à tous ses petits plaisirs et à son âge, des changements trop brusques d’environnement pourraient s’avérer fortement perturbants et même déstabilisateurs.
Alors, moi je dis Jacques à dit que finalement la solution idéale pour lui serait peut-être de venir s’établir à Paris d’autant que depuis avril, il y compte pas mal d’amis et que la France, en dépit de tout ce que l’on dit, demeure un pays d’accueil pour bien des nantis !

* certes, le terme n’est peut-être pas des plus appropriés…
** Jeu de mot malheureusement incompréhensible en dehors de l'espagnol (et de l'italien ?) : pasta veut aussi bien dire “pâtes” que “fric” !