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Aux fils du temps...
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  • Des pensées futiles, délirantes ou grinçantes, des moments drôles (ou pas, parce que "así es la vida" ! ) pour pouvoir remonter les fils du temps quand je serai -encore- plus vieille et/ou au cas où ma vie commencerait à rimer dangereusement avec ennui.
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Aux fils du temps...
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30 août 2011

… Epuisant mais pas que ça ! (Part 2)


J’ai donc finalement bien fait de céder sous la pression d’H2O parce que à un moment où je n’étais pas métamorphosée en Cendrillon d’avant minuit, je suis devenue la nouvelle héroïne d’Ichbinrodolphe. Bon, c’est peut-être beaucoup un peu exagéré d’écrire cela mais disons que je suis parvenue -involontairement, certes mais c’est le résultat qui compte- à augmenter la cote d’amour qu’il avait pour moi.

Car il faut savoir que jusqu’à maintenant celui-ci n’avait d’yeux que pour H2O.
A l’âge de 5 ou 6 ans, il lui avait même fait une méga déclaration d’amour en lui disant avec des étoiles pleins les yeux et curieusement tout autant de surprise dans la voix :
- “H2O, t'es mon meilleur pote !”
On avait tous trouvé ça super adorable sauf H2O, pour qui, c’était…  normal !

Bref, depuis, H2O et Ichbinrodolphe sont potes et s’éclatent dans la piscine (mais moins bruyamment qu’avec Beauf 1 et quand ils en sortent, le niveau d’eau n’a pas baissé de 5 cm !) ou en jouant à Angry birds tandis que moi je suis l’horrible taté Mia qui non seulement n’a aucun sens de l’humour mais en plus avec qui il faut faire gaffe parce qu’avec elle, ça ne rigole pas du tout [En fait, je présume de tout cela parce que ce serait logique et légitime mais il ne l’a jamais dit. Ni à moi ni à personne. Il est trop poli pour cela ou alors bien trop terrorisé !].

En effet, depuis qu’ils sont pénibles (depuis toujours ?), j’entretiens soigneusement ma réputation de mégère auprès de tous les enfants avec, bien sûr, le soutien et la bénédiction de mes sœurs.
Résultat : Après un “wo wo wo” grave et puissant au départ pour couvrir leurs voix / cris / hurlements / pleurs et attirer leur attention, il me suffit ensuite de hausser le sourcil droit (je ne sais pas pourquoi mais je n’y arrive pas avec le gauche !) et de prendre ma voix froide de Cruella pour que tout d’un coup IBR et fouteuse de m***e i.e. la plus jeune fille de beauf 1 (ah ben si finalement je suis capable de trouver des surnoms !) se calment et fassent ce que je leur demande.
Généralement, de diminuer le volume, cesser de se disputer ou d’aller le faire au fond du jardin et… de poser le couvert ou d’aider à débarrasser la table, histoire de diminuer mes corvées. Comme tu peux le voir, mon sens pratique l’emporte sur mon sens éthique. Oui, à l’exploitation des enfants !

Anyway, malgré la terreur que je lui inspire, Ichbinrodolphe avait accepté la proposition que lui avait faite mon père : passer la nuit chez eux afin de pouvoir passer plus de temps avec nous son meilleur pote le lendemain au lieu de rentrer avec sa mère, Beauf 1 et Cépamoi*.
Comme dirait je ne sais plus quelle chanson, tout ceci, c’est peut-être un détail pour toi mais pour lui, ça voulait dire beaucoup. Ca signifiait qu’il avait tellement envie de passer du temps avec H2O qu’il était prêt à essayer de dominer son angoisse de laisser sa mère toute seule ce soir là alors qu’il sentait qu’elle n’allait pas bien (suite à un gros clash avec Beauf 1).
Or, dans ces cas là, IBR sort de l’enfance pour assumer son rôle de “petit père”.
[Comme c’est curieux, ce n’est qu’à présent que je perçois toute la justesse et la portée de cet autre surnom que mon père utilise parfois pour nous parler d’IBR. Ce surnom s’est-il imposé à lui de manière consciente ou… ? ] 
Oui, dans ces cas là, le “petit père” se colle sans cesse à ma sœur et refuse de la lâcher (ohhh, cette langue française… ). Je crois que c’est la manière qu’il a trouvée pour lui
faire sentir à quel point il l’aime et est et sera toujours là pour elle. Peut-être est-ce là aussi l’expression de sa volonté de la protéger.  Je réalise que tout ce que je viens d’écrire est assez lourd et peut peut-être prêter à confusion alors, pour clarifier les choses, je tiens à préciser que Beauf 1 (à qui il faudra bien que je finisse par trouver un surnom) est ce qu’il est, avec beaucoup de “qualités” et tout autant de “défauts” mais que la violence physique n’en fait pas partie.

Tout au long de la soirée j’ai donc observé IBR plus qu’à mon habitude en me demandant s’il ne regrettait pas sa décision et je me suis stupidement jurée que je ferais tout pour que ce ne soit pas le cas.
Or, une chose que mon père semblait avoir oubliée au moment où il avait fait sa proposition, c’est qu’H2O avait prévu une partie de golf le lendemain après-midi et pour un certain nombre de raisons, je savais qu’il ne viendrait même pas à l’idée d’H2O d’annuler sa partie et quant à moi, je trouvais injuste de le lui demander.
Je te laisse donc imaginer l’état dans lequel j’étais lorsque je suis partie me coucher. Il y a des fois où je ne me supporte pas d’être aussi responsable.

Le lendemain a d’ailleurs mal commencé puisque je ne me suis réveillée qu’aux alentours de midi en croyant entendre la voix d’IBR demandant à H2O de se dépêcher.
Je me suis levée complètement épuisée (je n’étais pas parvenue à fermer l’œil avant 7H du matin :-( ) et en culpabilisant un maximum à l’idée que je n’assurais vraiment pas, tout en essayant parallèlement de me tranquilliser parce que j’entendais H2O et Ichbinrodolphe s’amuser dans la piscine.

Je me suis préparée rapidement  et suis descendue, avec un plan dans la tête. Il ne restait plus qu’à le proposer à IBR en espérant qu’il l’accepterait.
J’ai eu de la chance. Il l’a accepté avec une petite voix et en se tortillant :
- Ben je veux bien si ça ne vous dérange pas
J’ai produit un faux rire (parce qu’en fait j’ai eu un serrement de cœur en entendant cela) et je lui ai répondu que bien sûr que non cela ne nous dérangeait pas, que sinon, nous ne lui aurions pas proposé et qu’au contraire, nous étions ravis qu’il accepte.

Et c’est ainsi que vers 15H nous sommes partis tous les 3 et que je me suis transformée en pro du golf pour donner à Ichbinrodolphe un cours pendant que son meilleur pote partait faire son parcours !!!

Certes, ce n’est pas bien compliqué d’impressionner un gamin de 10 ans mais sur ce coup, il m’a fallu tout de même fallu un sacré talent dans la mesure où je ne sais pas jouer et que j’ai l’impression d’avoir accompli un exploit lorsque je touche simplement la balle ! 
Lorsque par miracle, je parviens à la soulever et à l’envoyer à plus de 20 mètres, j’ai l’impression d’être Tiger Woods.
Bref, c’était donc pas gagné ; d’autant que j’ai découvert qu’Ichbinrodolphe n’était pas tout à fait un débutant puisque contrairement à moi, il avait déjà mis les pieds dans un mini-golf !
Et bien, en toute modestie (si, si), j’ai tellement bien assuré qu’IBR a cessé de me questionner sur les performances d’H2O et  m’a regardé avec les yeux pleins d’admiration en poussant de temps à temps des waw lorsque je lançais la balle “vachement loin”, il a bien retenu tout ce que je lui disais et est même parvenu à faire, selon moi (qui ne suis pas sa mère et suis donc un peu plus objective :-“ ), quelques beaux lancers. 
Comme si tout cela ne suffisait pas à me faire apparaitre comme une méga-pro, une femme qui s’entrainait pas très loin de nous est même venue me féliciter !!!
Si si, je te jure. Même moi je n’en revenais pas ; d’autant plus que lorsque je l’ai vue s’arrêter vers nous, j’ai en fait pensé que c’était pour se plaindre :
1. de notre tenue (car il semble qu’en France du moins, il y ait une certaine “étiquette” à respecter, y compris dans les clubs publics, notamment au niveau des chaussures à porter et IBR et moi, ce jour là, on était respectivement en tongs et sandales)
2. du volume de ma voix car il est vrai que je n’avais pas spécialement fait dans le chuchotement, notamment au moment d’encourager et féliciter IBR alors que le golf requiert pas mal (en fait beaucoup) de concentration et de décontraction. A la fois. Tu comprends maintenant pourquoi, outre l’aspect hyper technique, c’est aussi compliqué !

Que nenni !
Elle m’a au contraire dit qu’elle trouvait vraiment intéressante ma manière d’enseigner (je crois qu’en fait elle voulait dire originale mais qu’elle était trop polie pour risquer de me vexer) et que c’était bien que je fasse travailler le mouvement des bras au petit parce qu’elle même avait du mal à… etc.
Pour résumer, elle a commencé à me raconter sa vie et ses tourments de golfeuse (car il ne faut pas croire mais la vie n’est qu’un long calvaire -comme dirait une bloggeuse pour qui j’ai beaucoup d’admiration- y compris pour les femmes qui n’ont semble-t-il pas d’autre problème que celui d’améliorer leurs performances au golf).
Très dans mon rôle de pro (puisqu’elle me prenait à priori comme telle et que j’ai horreur de décevoir mon public ou de faire perdre ses illusions à quelqu’un lorsque ce n’est pas nécessaire), je me suis contentée d’opiner de temps à autre la tête d’un air entendu et de balancer quelques commentaires certainement hyper intelligents et intéressants mais dont je ne me souviens plus.

Une vraie pro, j’ te dis… Comme joueuse, je ne vaux peut-être rien pas grand chose mais je crois que j’ai de l’avenir comme coach

Toujours est-il que ce quasi monologue n’a pas été inutile puisqu’outre le fait d’avoir fait doubler de volume mes mollets et donné l’impression que j’avais gagné un bonnet de soutien-gorge (tellement je me suis redressée de fierté), j’ai également appris qu’il y avait des mini-parcours de golf et 2 “putting greens” pour s’entrainer.

Pour varier les plaisirs et introduire un côté plus ludique sans que ce soit une galère au vu de notre niveau (bye-bye les mini parcours), j’ai emmené Ichbinrodolphe faire du “putting” et j’ai décrété que cet espace où il y avait 9 trous serait en fait notre mini-golf à nous et que la compétition était ouverte.
Je ne sais pas si le ciel (ou je ne sais quoi d’autre) avait décidé de me récompenser pour toutes mes bonnes actions ce jour là mais on a fini par miracle la partie a égalité (alors qu’à un moment il me menait par 4 points ! ).

Mon honneur (car n’oublie pas, je suis censée être une pro) est donc sauf et je pense même que je vais peut-être désormais être célèbre auprès de tous ses copains (ma taté Mia, elle joue super bien au golf et elle lance vachement loin).
H2O nous a rejoint alors qu’on terminait notre partie et nous sommes rentrés sans que j’ai eu à sortir le jeu de Rummikub que j’avais apporté au cas où.

Le lendemain matin, nous repartions pour l’Espagne et nous en avons profité pour nous arrêter chez ma sœur afin de lui ramener Ichbinrodolphe.
A ma grande surprise, au moment de partir, ce dernier s’est jeté sur moi et m’a serré très fort les jambes pour me dire au revoir.
C’était la première fois qu’il faisait cela. C’est pas une preuve d’amour ça ?

Je sens que ma réputation de Cruella va en prendre un coup !

 

* et oui, finalement, comme ça me dérangeait beaucoup de réduire cette “petite” fille qui doit avoir 12 ou 13 ans (quand je vous dis que ma mémoire est catastrophique) à une appellation que je trouve par ailleurs vulgaire (et ce, même si elle mérite malheureusement amplement cette appellation), j’ai décidé de la rebaptiser elle aussi avec son expression favorite, généralement suivie bien sûr par le non moins fameux “c’est lui” mais anticipant déjà sur ma paresse, j’ai opté pour la version courte.

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