Le dire avec des symboles

Pendant des années, je n’ai pu porter de bague. 
Aussi fines et légères soient-elles, en sentir une autour de mes doigts me provoquait une sensation désagréable.
Je n’en comprenais pas la raison, je trouvais juste cela pesant et même encombrant parfois. 
A ceux qui me les avaient offertes à l’occasion d’un anniversaire, d’une fête ou “juste comme ça” et s’étonnaient de ne jamais me les voir porter, j’expliquais que j’avais oubliée de la mettre ce jour là puis que ce n’était pas du tout pratique pour jouer du piano, peindre ou même faire le ménage et que ça avait parfois tendance à s’accrocher dans les vêtements et à griffer…

Et lorsque la relation s’achevait, je pensais bien faire en rendant tous les cadeaux, bagues y compris…

Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris la violence de mes refus et de mes actes et l’impact qu’il avait pu avoir sur ces hommes qui me les avais offertes, même si, tout comme moi la plupart n’étaient sans doute pas non plus conscients de la puissance des symboles… 

Aurais-je su déchiffrer le sens dont elles étaient porteuses que cela ne m’aurait certainement pas plus amenée à les accepter car j’avais alors une trouille dingue de tout ce qui pouvait impliquer un engagement mais j’aime à penser que j’aurais alors certainement mieux compris ce qui se jouait en moi et que j’aurais ainsi pu le communiquer de manière moins brutale.

En lisant l’article de Bleck sur les cadenas d’amour, j’ai souri moi aussi.

J’ai repensé au souvenir que m’avait récemment ramené H2O de voyage et je me suis réjouie. De ne plus avoir peur bien sûr mais surtout d’avoir changé. 
De ne plus être cynique ni préoccupée par le jugement des autres ou de ce qui relève ou non du “bon goût”.
Car c’est sans nul doute ce qui me permet aujourd’hui de dépasser les apparences et  mes à-priori, et d’apprécier, et même de m’émouvoir de certaines intentions pourtant exprimées par le biais de symboles parfois profondément cul-culs et kitschs !

Humeur : Ryuichi Sakamoto - Self portrait (à 01:25:55)