Le Familie weekend
Le familie weekend vient de s’achever et cette année encore j’aurais bien des choses à en dire mais je me rends compte que si je l’ai souvent évoqué (là ou encore là), je n’ai jamais vraiment pris le temps d’expliquer en quoi cela consistait.
Or, il faudrait peut-être pourtant commencer par là afin de ne jamais oublier non plus pourquoi la simple évocation de ce mot a longtemps provoqué en moi une fureur telle que c’est le seul sujet sur lequel H2O et moi nous soyons jamais disputé.
Je reprends donc le brouillon que j’avais commencé il y a plusieurs mois de cela déjà et où je n’avais pu m’empêcher d’être gagnée par une certaine forme d’ironie tant certaines situations nous poussent à la développer pour ne pas s’en désoler…
Comme son nom l’indique, le familie weekend est un long weekend de 4 jours où frères et sœurs, flanqués de leurs conjoints et enfants, se réunissent 1 fois par an autour de leurs parents pour que tous s’émerveillent et se congratulent de former une grande famille unie et heureuse se retrouver et partager tous ensemble pleins de super moments.
Ça c’est l’idée ou en tout cas, ce que j’avais cru comprendre lors de la 1ère édition qui avait en fait pour prétexte de célébrer le je ne sais plus combientième anniversaire de mariage des parents d’H2O.
Dans les faits… ça consiste plutôt à :
- dépenser beaucoup trop d’argent (en tout cas pour nous qui venons de loin et n’avons pas les mêmes moyens financiers non plus) pour en plus se retrouver coincés dans un bled généralement paumé où il n’y a rien à voir ni à faire,
- devoir supporter pendant 4 jours la terrible odeur des cigarillos et cigares que le père d’H2O ne cesse de fumer,
- se retrouver lors du petit-déjeuner et du dîner ou autour d’activités hyper passionnantes telles que la visite d’un zoo ou la visite guidée d’un musée présentant la particularité de n’offrir à voir que des peintures de bateaux mais disposant d’une aire de jeux pour les enfants,
- se retrouver encore lors d’une des 50 000 pauses-café pour pouvoir répéter les mêmes choses que tu auras déjà dites au téléphone ou lors de la pause café précédente mais à un autre interlocuteur.
En fait, les pauses café, ça permet parfois de jouer au jeu des chaises tournantes, à assurer et/ou te convaincre (c’est l’effet Louise Hay !) que tu vas vraiment bien (même s’il t’arrive de songer que tu aurais tout de même préféré dépenser ton budget vacances autrement et que par exemple, te retrouver dans la jungle, même entourée de cannibales, et bien, ça ne semble pas si terrible que ça finalement !), répéter comme chaque année que oui, tu te plais à Barcelona, se féliciter mutuellement de nos réussites, promotions, etc. sans oublier d’établir un comparatif météorologique sur les 10 dernières années.
Heureusement, le familie we, ce n’est pas QUE cela.
Comme on s’aime mais qu’on a quand même pas forcément les mêmes goûts et pas non plus tant de choses que ça à se dire, il est prévu pleins de plages libres entre les activités et les repas pendant lesquelles chacun est libre de faire ce qu’il veut : faire une sieste, plonger dans la piscine (critère absolument indispensable dans la sélection de l’établissement !), t’engouffrer dans ta voiture pour pouvoir enfin rejoindre un lieu plus excitant où il y aura enfin des choses à voir et à faire (et où il sera notamment possible de te livrer à ton activité favorite, le shopping), te demander ce que ça fait de mourir dévorée par des cannibales plutôt que d’ennui…
Tout est possible !
Tu peux donc aussi choisir de ne rien faire de tout cela et aller gentiment rejoindre les protagonistes du weekend qui dédient tout ce “temps libre” à attendre autour d’une table de salon qu'au moins l'un de leurs enfants ou petits enfants viennent se joindre à eux pour pouvoir ainsi “organiser” l’une des 50 000 pauses cafés dont je parlais plus haut.
Malheureusement pour moi, comme nous n’avons pas de voiture (et qu’il n’y a jamais assez de place pour nous dans les énormes 4x4 ou Berline… ), je te laisse deviner ce qu’H2O et moi faisons de notre temps libre (tout au moins au début en ce qui me concerne !).
Si H2O continue avec un réel plaisir à passer des heures avec ses parents même s’ils ne font que se redire 50 000 fois les mêmes choses, j’ai pour ma part cessé de m’émouvoir du fait que ses parents étaient bien souvent laissés seuls.
Je ris, sans même plus de tristesse de mon indignation d’alors. Le but de cette rencontre n’était-elle justement pas de passer du temps ensemble, de pouvoir profiter les uns des autres puisque cela était si difficile le reste de l’année ?
J’ai fini par comprendre qu’en dehors d’H2O et de sa mère (que j’adore tant cette femme semble personnifier la bienveillance absolue. Je suis incapable de lui imaginer la moindre pensée ou émotion négative et ce, même lorsqu’elle participe aux "commérages" !), cela ne choquait personne et que même son père prenait cela avec une grande nonchalance.
J’ai pensé que je serais en conséquence vraiment c*nne de continuer à me préoccuper et même de me battre pour eux ; d’autant que lors de la 3 ou 4ème édition, j’ai compris aussi bien d’autres choses : la résistance et le leadership par le silence et l’immobilisme, la manière dont s’articulaient les relations et décisions et surtout… le fait qu’effectivement il n’y avait vraiment pas de pires sourds que ceux qui ne voulaient rien entendre.
Etait-ce parce que j’avais toujours ce fol espoir d’être entendue au moins par une personne ou plus vraisemblablement parce qu’une telle dynamique familiale m’était tellement insupportable qu’il m’était impossible de contenir ce trop plein que j’avais en moi ?
J’ai à mon tour fait preuve de résistance, commencé à protester et même parfois à taper du poing sur la table pour dire les choses et dénoncer ce que j’estimais êtres des problèmes et injustices.
A un moment, j’ai d’ailleurs cru avoir été entendue. Cela l’a d’ailleurs été en partie mais les habitudes et les mécanismes ont la vie dure....
Peu importe…
Depuis des années, mes yeux sont demeuré grand ouverts mais je constate aujourd’hui que je n’ai plus envie de regarder vers eux.
Je me sens plus “cold side”* que jamais, plus étrangère encore aussi mais cela ne me dérange pas.
Je réalise que je peux à mon tour entrer dans le jeu, me mouvoir et sourire (y compris sincèrement), continuer à les apprécier même mais que je ne veux plus appartenir à cette famille.
* “Côté froid” : c’est ainsi qu’ils désignent les conjoints
Humeur : Sly & Family Stone – A family affair