Quietly happy

Alors ? Emue ? me demande H2O avec un large sourire et les yeux brillants.
Non, je ne me sens pas émue.
Sa question me surprend d’ailleurs : peut-on vraiment s’émouvoir de cela ?
Bien sûr que oui, lui le serait à ma place.
En fait, en ce moment même il l’est d’ailleurs pour moi.
En creusant un peu, je finis par découvrir qu’“emocionado” peut également être l’équivalent du “thrilled” anglais.
Connaissant la nature enthousiaste d’H2O, je comprends qu’il puisse être excité  mais ce n’est pas mon cas.
Je me sens au contraire profondément calme.

Consciente que mon absence de réactions par contraste puisse le déconcerter, voire l’inquiéter, je précise plus avant mon état émotionnel.
Curieuse. Contente aussi, mais tranquillement.
Peut-être parce que pour la 1ère fois, c’est avec confiance que j’aborde ce tournant pourtant important dans ma carrière professionnelle.
Pour la 1ère fois de ma vie, je n’ai aucun doute quant à mes qualités et ma capacité à réussir cet examen puis à mettre ensuite en pratique ces nouvelles compétences.
Bien sûr, je suis peut-être complètement à côté de la plaque mais le fait de ressentir cette confiance en moi est déjà en soi une récompense que j’espère garder en mémoire même si les choses ne se passent pas comme je le pense et l’espère.
Je sais que cela va me demander beaucoup de travail et empiéter sur pas mal de choses mais je compte sur mon intérêt et mon côté bosseuse pour ne pas trop en souffrir même si pour l’instant, lorsque je regarde mon planning, je me dis que j’ai été un peu dingue de me lancer dans autant de choses cette année mais...

Lorsque plus tôt j’ai reçu l’email m’informant que j’avais été acceptée et me donnant la bienvenue en tant que nouvelle étudiante, la seule inquiétude que j’ai eue en fait a une fois de plus concerné l’aspect financier de mon retour sur les bancs d’une école.
N’était-ce pas une folie de dépenser autant d’argent alors même que nos perspectives économiques ne sont pour l’instant pas du tout réjouissantes ?
Allais-je être ensuite capable d’amortir le coût conséquent de cette formation ?

Une fois de plus H2O a balayé mes objections comme il les avait préalablement démontées une par une pour me convaincre d’accepter qu’il puise dans nos économies (en fait les siennes !) pour financer ce projet qui me tente depuis des années mais que j’ai sans cesse repoussé car jugé “déraisonnable” de par son coût élevé.
Pourquoi avoir finalement accepté maintenant alors que la situation est pourtant bien pire, voire périlleuse ? Peut-être parce qu’il m’a fallu tout ce temps pour amorcer un nouveau cycle et peut-être aussi parce que parfois, il faut des crises pour nous pousser à nous mettre en mouvement, voire un peu en danger.

H2O m’a rappelé que le meilleur investissement que nous pouvions faire était dans notre éducation car, au-delà de l’aspect financier, nous en sortirions toujours grandis et plus riches en tant que personne. Et bien sûr je n’ai pu qu’opiner.

J’ai alors pensé que j’avais décidément une chance infinie d’avoir auprès de moi quelqu’un pour m’appuyer dans mes choix (quels qu’ils soient jusqu’à présent !) et même parfois me porter.
Pour le coup, je me suis tout d’un coup sentie émue. Profondément émue.

 Humeur : Cocoon – Björk