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Aux fils du temps...
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  • Des pensées futiles, délirantes ou grinçantes, des moments drôles (ou pas, parce que "así es la vida" ! ) pour pouvoir remonter les fils du temps quand je serai -encore- plus vieille et/ou au cas où ma vie commencerait à rimer dangereusement avec ennui.
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Aux fils du temps...
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26 novembre 2012

Miroir, ô miroir…

 

Qu’ils soient sincères ou non, spontanés ou intéressés, pendant longtemps je n’ai pas su recevoir les compliments, notamment lorsqu’ils portaient sur mon apparence.
Je leur opposais des protestations plus ou moins véhémentes, des traits d’humour plus ou moins drôles, des compliments en retour, bien souvent exagérés et même des commentaires complètement hors de propos.
En fait, tout était bon pour mettre un terme à  mon embarras et détourner l’attention de mon interlocuteur.

Et puis… après des années de tentation mais aussi d’hésitation, j’ai enfin osé “changer de tête” cet été. Parce qu’elle me donnait l’impression d’avoir une vision précise de ce qui pourrait m’aller, j’ai accepté de confier mes cheveux aux ciseaux de cette inconnue.
Un peu trouillarde tout de même, je lui avais demandé de ne pas les couper trop court afin de pouvoir continuer à les attacher dans une queue de cheval, aussi ridicule soit-elle, juste au cas où.

Je me suis rapidement habituée à voir mon visage encadré par ces cheveux soudain lâchés et ai même eu envie d’aller plus loin. Ce fut fait à la mi-octobre.
Les mèches s’agitaient désormais librement au-dessus de mes épaules, sans que je puisse les retenir mais j’en aimais leur légèreté. 
H2O trouva cela bien trop court. Je fus un peu d’accord avec lui mais les autres semblèrent être d’un autre avis.

Comme lors de tout changement dans notre apparence, cette nouvelle coupe de cheveux me valut un déferlement de commentaires et de compliments (par bienséance et/ou gentillesse, les éventuelles opinions divergentes sont généralement gardées sous silence).
Comme d’habitude, ils me semblaient exagérés mais pour la 1ère fois, j’étais capable de les accueillir sereinement.
Cela me semble un peu ridicule d’écrire cela mais je me suis sentie plutôt fière de moi. D’autant que les seules (et rares) fois où j’ai ressenti le besoin de dévier la conversation (en me “plaignant” du travail et de l’investissement -j’ai dû acheter un sèche-cheveux et même un fer à lisser- que cela générait), c’est lorsque certaines personnes en ont pris d’autres à partie en insistant un peu trop lourdement.
Le reste du temps, j’ai été capable de sourire et répondre par un simple merci.

Bien sûr, j’aurais pu expliquer ma nouvelle manière de réagir par le fait que je vieillis et que j’ai conscience que les compliments se feront chaque fois plus rares et qu’ils en deviennent donc précieux. Ou encore que cela ne me touchait plus parce que j’estimais que le terme de “guapísima” (superlatif de “belle”) avait fini par perdre tout sens à force d’être utilisé à tort et à travers.
Mais j’ai bien senti que cela allait beaucoup plus loin. J’ai pensé que c’était là l’expression de ma capacité à être chaque fois plus en paix avec moi-même, à m’accepter.

Jeudi dernier, j’ai eu la preuve de cela lorsque je me suis enfin décidée à profiter de la session de maquillage gratuite qui m’avait été proposée lors de l’achat d’un fond de teint quelques mois auparavant.
Je n’avais jamais auparavant été maquillée par quelqu’un. Ni même demandé ou reçu un conseil de quiconque. Ado, j’avais dessiné un masque sur mon visage que j’avais simplement allégé au fil du temps jusqu’à le faire disparaître pour ne garder que quelques traits et lignes que j’estimais me rendre plus séduisante.

En attendant que la maquilleuse sélectionne des fards, je me suis retrouvée pendant de longues minutes face à un miroir, le visage nu.
Cela a été une expérience quelque peu incommodante mais avant tout surprenante car j’ai réalisé que contrairement à ce que je pensais, je ne m’étais jamais vraiment regardée. Jamais non plus de manière neutre. J’ai réalisé que lorsque je me regardais pour me maquiller ou me coiffer, mon regard était toujours critique, toujours fragmenté aussi : un œil, la bouche, une pommette, une mèche de cheveux… Mon regard final sur l’ensemble était finalement toujours rapide, juste à la recherche d’un défaut, d’un élément disharmonieux par rapport au tout.

L’un de mes ex me surnommait la fée du joli mais après avoir vu le travail de Gloria, il me semble que cette pro en maquillage mérite bien plus ce surnom que moi.
Lorsqu’elle eut fini de me caresser le visage avec ses pinceaux, elle s’est écartée et je me suis une nouvelle fois retrouvée face au miroir.
Tout au long de ce processus, il m’était arrivé de ressentir un peu d’inquiétude tant je m’étais sentie déroutée par ce fard sombre qui me couvrait toute la paupière ou par sa manière de me maquiller qui différait tant de la mienne mais soudain, tous mes doutes et questions s’étaient évanouis.
Le reflet me renvoyait une image familière mais comme améliorée.
Je me reconnaissais sans peine, c’était bien moi mais un moi un peu différent tout de même. Un moi que je prenais plaisir à regarder.

J’ai souri au miroir ce jour là parce que pendant un instant, moi aussi, je me suis trouvée belle.

 

Humeur : Craig Armstrong - Finding beauty

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