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Aux fils du temps...
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  • Des pensées futiles, délirantes ou grinçantes, des moments drôles (ou pas, parce que "así es la vida" ! ) pour pouvoir remonter les fils du temps quand je serai -encore- plus vieille et/ou au cas où ma vie commencerait à rimer dangereusement avec ennui.
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Aux fils du temps...
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16 septembre 2011

A rebrousse-poil…

 

Malgré la chaleur (35º à l’ombre !), je me rends donc d’un pas rapide et heureux vers le lieu de mes futurs délices.
Arrivée au nº 381 où devrait être situé Pepe Styliste j’ai la surprise de découvrir la mairie du quartier ! 
Je revérifie l’adresse notée dans mon agenda et même celle notée sur le coupon. Pas d’erreur de ma part.
Je décide donc de poursuivre un peu mon chemin, des fois que…, passe le marché couvert puis tombe sur “Chez Pepe”, un bar au 383, refais le chemin inverse et me retrouve chez “Pepe Bar” au numéro 379.
Retour à mon point de départ !

Je commence à me demander si je me suis fait avoir avant de songer qu’il s’agit plus probablement d’une faute de frappe dans l’adresse figurant sur le coupon et commence un poil à m’agacer que la fille avec qui j’ai parlé pour prendre RV ait oublié de le préciser.
Je me console en pensant que je vais justement avoir l’occasion de lui tomber sur le poil puisque, de toutes façons, je n’ai pas d’autre choix que de la rappeler pour obtenir enfin la bonne adresse.

Manque de bol : les crédits de mon téléphone ont expiré il y a environ 2 semaines et je ne l’ai -of course- toujours pas rechargé.
Coup de pot : je suis à Barcelone, la seule (?) ville au monde où tu galères souvent pour trouver un supermarché mais où tu as une banque à chaque coin de rue (et je t’assure que ce n’est pas qu’une expression, selon le quartier où tu te ballades !).

Quelques pas plus loin et me voilà avec un nouveau crédit de 15€ sur le mobile et… en ligne avec la fille qui m’explique que le salon est à l’intérieur du marché (qui ne porte d’ailleurs pas de numéro !), en face du marchand de légumes et à gauche du marchand de poissons (Tu me diras que pour un merlan, cela a une certaine logique… ).
Je m’engouffre donc dans le marché et découvre effectivement le salon en question ainsi que…
- Affalé dans le fauteuil des shampoings et tout de noir vêtu, un type brun plongé dans la lecture d’un magazine qui doit pourtant pas être super intéressant si je me fie à la tronche qu’il fait 
- Une (fausse) blonde aux cheveux longs, pas trop mal dans son genre, qui est certainement la fille qui m’a répondu au téléphone et qui n’a pas l’air très heureuse de me voir arriver aussi vite puisque je la coupe ainsi dans son élan qui la portait vers l’autre fauteuil, celui qui fait face au miroir !

Bref, sans un “bonjour” ni un sourire [mais il y des années de cela que j’ai compris qu’ici, cela n’avait finalement rien de vraiment personnel (t’es juste pas du quartier… ), que c’était la norme et que, quoi que tu fasses de toutes façons, ta simple présence semble em***der les commerçants qui, il faut le comprendre, ont bien d’autres choses à faire que de s’occuper de toi. ], on me demande le coupon et on m’énumère toutes les prestations auxquelles j’aurais droit au cas où je saurais pas lire. Comme elle a toutefois oublié de lire la partie où l’on parle de la couleur, je me permets de le lui signaler et elle me confirme que bien sûr ! 

Chic, chic, chic (pas le salon, hein ?), je me sens toute guillerette en me dirigeant vers le fauteuil en face du miroir car en tant que cliente, j’ai tout de même le privilège de pouvoir m’assoir dessus.
Et comme je suis particulièrement gâtée comme fille, j’ai même le privilège de voir le grand type en noir se lever et venir vers moi, comme si ses pompes pesaient 3 tonnes et qu’il lui était impossible de lever les pieds.

- C’est pour une couleur ? Me demande avec une moue boudeuse de lui re-confirmer Epuisé de la Vie, au cas où j’aurais changé d’avis durant les 2 mètres parcourus entre l’accueil et le fauteuil. 
Comme rien ne peut m’atteindre dans ma zénitude en ce moment, je réponds par l’affirmative avec un sourire.
- Et t’es venue tout en blanc pour venir faire une couleur… me balance-t-il avec une moue fortement dépréciative (tout juste s’il ne lève pas les yeux aux ciels pour me traiter de pauvre demeurée !)
Bon, là je dois reconnaitre que ma zénitude, elle en prend un peu un coup et je sens une légère crispation dans le sourire que je fais à Épuisé de la vie soudain promu Tête à claques.

Mais bien décidée à ne pas me laisser pourrir mon moment à moi que j’attends depuis des mois, je lui réponds aimablement qu’effectivement, comme je suis un peu excentrique, j’ai beau savoir que l’hiver est déjà arrivé en Hollande (dixit H2O qui s’y est sacrément pelé la semaine d’avant), je ne me suis toujours pas décidée à sortir mes fringues d’hiver. Quelle idiote, non ? Ah ah ah.
Je ne sais pas pourquoi mais ça ne le fait pas rire du tout. Et pourtant on m’a toujours dit que j’avais un rire communicatif... Peut-être qu’il ne sait pas où est la Hollande ??? 
Du coup, ça me vexe un peu tu comprends et puis surtout, lorsque je suis lancée, j’ai parfois un peu de mal à m’arrêter. Je lui dédicace donc mon plus beau sourire et ajoute que de toutes façons, cela ne devrait pas être un souci si je suis bien protégée et que je n’ai d’ailleurs jamais rencontré ce type de problèmes avec les autres coiffeurs. Mais il est vrai, ajoute-je avec perfidie, que j’ai peut-être toujours eu la chance de ne pas avoir affaire à un coiffeur trop débile ou maladroit… [et tiens, prends ça dans les dents. Ah non mais !]

Sentant que l’on est peut-être sur le point de se crêper le chignon (qui lui irait d’ailleurs très mal contrairement à moi !), Super Blonde tente alors de détendre un peu l’atmosphère avec cet extraordinaire commentaire… qui tombe un poil comme un cheveu sur la soupe :
- Et puis ce qu’il y a de bien avec le blanc, c’est que même s’il y a une tache, tu peux utiliser de l’eau de javel !
Ah ah ah.
Là, je dois avouer qu’avec son commentaire hautement pertinent, elle m’a complètement coupé la chique (et c’est pas facile !).
Je me réjouirais certainement de constater que son rire n’est pas plus communicatif que le mien si je ne surprenais pas dans le miroir mon propre regard consterné.
Regard qu’elle doit d’ailleurs voir elle aussi mais qui doit lui faire penser qu’en fait je suis une fausse brune parce qu’elle ajoute aussitôt -avec gentillesse il faut bien le dire : “Ben oui, avec la couleur, c’est pas possible d’utiliser l’eau de javel. Ca fait des taches !”

J’acquiesce en silence car… qu’ajouter à cela ? Les vérités profondes ne se discutent pas !
Tète à claques qui doit tout de même avoir entre les cheveux un petit bout de cervelet soupire et décide de jouer les inspecteurs gadget pour comprendre mes désirs les plus profonds :
- Bon, qu’est-ce que tu veux comme teinture ?
- Je veux juste cacher mes cheveux blancs.
- Bon, alors je te fais la même couleur ?
- (Glups) Ben oui ! me contente-je de répondre sobrement pour ne pas lui hurler à la face “Mais non, banane, décolore-moi en blonde platine ou mieux tiens, en blanc pour que je sois assortie à quelques uns de mes cheveux et à mes fringues !”

Ca y’est, ma zénitude a foutu le camp !
Comme je n’ai pas envie de m’arracher les cheveux (au propre comme au figuré), je décide de me plonger dans “La mala hora” de G. G. Marquez (que l’on pourrait traduire par “Le mauvais moment”) et songe tout d’un coup que j'aurais peut-être dû sélectionner un autre bouquin pour patienter lorsque tout d’un coup la voix haut perchée d’Épuisé de la vie aka Tête à claques vient interrompre ma réflexion.
- T’as quasiment pas de cheveux blancs derrière…
Suis-je tellement devenue parano que j’imagine un air de reproche dans sa voix?
Et bien non : ses lèvres pincées que je vois dans le miroir me confirment qu’il doit estimer que je lui fais perdre son précieux temps !!!
D’ailleurs, aussitôt après, il me plante là en me disant que maintenant il va falloir attendre que la teinture prenne et s’en va.

Et non, tu ne rêves pas. Encore plus lui-même que jamais, Epuisé de la vie quitte le salon sans même un au-revoir ni pour moi ni pour Super Blonde.
Je crois que le fait d’avoir fait tous ces efforts (se lever, faire 1 mètre et ensuite devoir rester presque 5 minutes derrière moi pour m’appliquer la teinture) pour seulement quelques cheveux blancs même pas répartis sur tout mon crâne, lui a fait prendre conscience de la vacuité de l’existence et de l’absence de sens à sa vie et qu’il est parti se suicider en avalant toute la teinture qui restait et qu’il ne m’a pas appliquée !

Afin d’oublier le drame en train de se jouer et dont je suis peut-être en grande partie responsable, je me replonge dans mon bouquin tandis que Super Blonde prend le relais et commence ma manucure.
Là aussi, il y aurait pas mal de choses à dire mais comme ce billet semble déjà avoir une grande chance de remporter le prix du billet le plus long malgré une compétition sérieuse, je t’en parlerai peut-être une autre fois.

Et d’ailleurs, je vais même imiter Epuisé de la vie en te plantant là moi aussi brutalement.
Rassure-toi, je suis pas -à ce point- dégoutée de la vie mais après une journée de dingue qui ne m’a pas laissé le temps de compléter comme je le voulais ce post, il faut que je file dans ma cuisine parce que dans exactement 68 minutes, j’ai des invités qui arrivent et pour une fois, je voudrais bien que tout soit… au poil ! 

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