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Aux fils du temps...
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  • Des pensées futiles, délirantes ou grinçantes, des moments drôles (ou pas, parce que "así es la vida" ! ) pour pouvoir remonter les fils du temps quand je serai -encore- plus vieille et/ou au cas où ma vie commencerait à rimer dangereusement avec ennui.
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Aux fils du temps...
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1 février 2012

Alice

 

Alice a deux ans de moins que moi.
Pendant longtemps, elle a été la belle de la famille.
Pour cela et peut-être aussi surtout pour le fait qu’elle ait pu bénéficier d’attentions et de “privilèges” que je n’avais pas (notamment la possibilité de retourner vivre à Paris pour réaliser son rêve alors que moi même j’étais bloquée dans une ville de province que je haïssais) j’ai grandi en détestant ma sœur. Violemment. Injustement.

Et puis, un jour, alors que nous étions toutes deux encore adolescentes, j’ai réalisé que cette croyance que j’avais qu’elle était la plus belle fille du monde n’était pas fondée et que toute séduisante qu’elle était, cela ne l’empêchait pas d’avoir bien plus de problèmes que moi pour se faire aimer.
Ce jour là, j’ai compris que la jalousie n’avait finalement aucun sens et tout sentiment d’envie et de rancœur a définitivement été tué en moi.
Pour autant, il était trop tard pour se rapprocher. Nous avions grandi de manière trop séparée, trop différente… D’ailleurs souhaitais-je alors un rapprochement ? Je crois que l’idée d’une paix non déclarée mais effective me suffisait. Ce qui est certain, c’est que l’aurais-je souhaité, j’eus été bien incapable de le communiquer et de l’expliquer car à cette époque là, je ne savais pas m’exprimer au travers des mots.

Par la suite bien sûr, j’ai compris qu’elle n’était pas responsable de ces clichés inconscients qui nous avaient été collés, ni même de ce que j’avais pu ressentir comme des injustices. 
Par la suite aussi, j’ai réalisé qu’elle avait de son côté grandi en pensant qu’elle n’était pas très intelligente ou en tout cas, beaucoup moins que moi et… peu douée pour les études.
Comprendre tout cela et surtout bien d’autres choses m’a permis au fil des ans de pardonner à ma famille comme à moi-même un passé tourmenté car compliqué et de construire enfin apaisée, une nouvelle relation avec mes parents, mes grands-parents et bien sûr avec ma sœur Alice.

Un été où j’étais descendue chez mes parents, nous nous sommes retrouvées seules et une conversation s’est amorcée sans que je me souvienne du détail ni de qui en fut à l’origine. Je me souviens en revanche parfaitement qu’elle se sentait complètement perdue : son rêve de devenir danseuse s’était définitivement écroulé quelques années auparavant suite à des problèmes de tendinites à répétition, elle avait entrepris des études de psychologie mais n’avançait pas et ne savait pas quoi faire. Quant à sa vie sentimentale, c’était… Non, décidément, rien n’allait !
Je l’ai écoutée attentivement, comprenant ses blessures même si elles n’étaient pas miennes et j’ai tenté de la réconforter. Ce jour là, j’ai eu l’impression de devenir cette grande sœur qui lui avait peut-être manqué et en tout cas assurément fait défaut pendant toutes ces années.
Pour la 1ère fois, nous avions un réel moment de complicité et cela nous donnait envie de nous connaître et de partager plus de moments ensemble.

Mais… effacer des années d’indifférence peut s’avérer une tâche ardue, notamment parce que l’on a pris l’habitude de fonctionner l’une sans l’autre, sans s’appeler ni s’écrire, sans même penser à l’autre en fait.
Et bien sûr les distances géographiques, les limitations financières et nos vies bien remplies et tournées vers des sollicitations très différentes n’ont pas facilité les choses…

Pourtant, au fil des ans et de mes rares visites chez nos parents, nous avons essayé de passer un peu de temps ensemble même si nous avons rarement trouvé ces moments de solitude, propres à des discussions intimes. 
Mais peu importait au fond car, tout comme moi, elle avait intégré que les distances et les longues périodes de silence n’avaient aucune importance. L’une comme l’autre avions désormais la certitude qu’en cas de besoin, nous serions là, l’une pour l’autre.

En attendant, je me réjouissais de la voir tomber amoureuse d’un homme qui l’aimait en retour. Puis je l’ai vue se métamorphoser et grandir à la naissance d’IchbinRodolphe. J’avais désormais en face de moi une femme et je me souviens alors du sentiment d’admiration que j’ai éprouvé (et éprouve toujours) pour cette mère responsable et courageuse qu’elle était devenue. J’ai ensuite de nouveau répondu présente lorsque sa vie sentimentale a recommencé à jouer les montagnes russes, la faisant passer de la déprime à l’euphorie puis vice-versa… Et puis les choses ont semblé trouver un point d’équilibre, fragile mais tangible : sa vie professionnelle s’est un peu mise en place et avec le nouvel/dernier HdsV (que j’appellerai désormais Bertrand), ils ont même décidé d’acheter une maison ensemble.
En apprenant cela, je me suis tue mais ai croisé très fort les doigts… 

 

 

Humeur : Aqualactica – Fractal nativo

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