Du narcissisme…

A l’école, j’avais 2 ans d’avance.
Pendant longtemps, cela n’a pas été un problème mais en grandissant, mon manque de maturité est devenu chaque fois plus flagrant et très rapidement, à de très rares exceptions, les filles m’ont dédaignée, notamment au lycée.
Leurs sujets d’intérêt et de conversation me dépassant par ailleurs bien souvent, je me suis tout naturellement rapprochée des garçons que ma compagnie ne semblait pas déranger.

Au retour d’une soirée entre copains (comprendre, 3 garçons et moi) et alors que j’étais sur le point de m’endormir, bercée par le ronronnement de la voiture, j’avais eu la surprise de soudain sentir les lèvres de Fabien sur les miennes.
Comme je manquais cruellement de confiance en moi à cette époque et que je me trouvais (bien sûr !) hyper moche, je crois que je n’ai tout d’abord pas réagi parce que je n’arrivais pas à croire ce qui était en train de se passer ; d’autant que Fabien, ce n’était pas seulement un copain, c’était aussi LE beau gosse du lycée ! Il était donc censé pouvoir sortir avec n’importe quelle fille alors… comment imaginer qu’il pouvait s’intéresser à moi ?
Contrairement à beaucoup de filles, je n’avais jamais fantasmé sur lui et c’était donc une sensation curieuse que d’être embrassée par ce garçon que j’aimais beaucoup mais qui ne m’attirait pas.  Pourtant, une fois encore, j’ai laissé faire en estimant qu’il s’agissait d’un “incident” sans conséquence, généré par l’ennui ou la bière et que le lundi, il aurait tout oublié ou que dans tous les cas, nous nous retrouverions comme s’il ne s’était rien passé.

Ça n’a pas été le cas. Je ne me souviens plus comment mais j’ai vite compris qu’il considérait au contraire que nous sortions désormais ensemble. J’étais en train d’essayer de rassembler tout mon courage et tous mes esprits pour mettre fin à ce quiproquo lorsque j’ai croisé le regard envieux de 2 conn***es que, comme on disait à l´époque, je ne pouvais pas saquer.
En repensant aujourd’hui à ma bouche finalement close qui ne s’est ouverte que pour lui sourire, je ressens un peu de honte car malgré certains “excès” (dixit mon moi de l’époque super complexé… ) narcissiques, Fabien était un garçon adorable, drôle, d’une profonde gentillesse et finalement fort de cette simplicité et joie de vivre qui me faisaient alors tant défaut.

Avec le recul, je crois que c’est ce jour là, qu’a commencé à naitre en moi cette idée -formulée bien plus tard- que si des types séduisants voulaient sortir avec moi, c’est que je ne devais pas être si moche !
De la manière de soigner des blessures narcissiques…

Humeur: Lianne La Havas - Age