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Aux fils du temps...
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  • Des pensées futiles, délirantes ou grinçantes, des moments drôles (ou pas, parce que "así es la vida" ! ) pour pouvoir remonter les fils du temps quand je serai -encore- plus vieille et/ou au cas où ma vie commencerait à rimer dangereusement avec ennui.
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Aux fils du temps...
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15 septembre 2011

Et toi, tu aimes?

 

Parmi les nombreux emails du jour, une invitation au vernissage d’Alex, un ami.
Première réaction : Absolument ravie.
Pour lui tout d’abord parce que cela fait longtemps qu’il n’a pas fait d’expo individuelle à Barcelone.
Pour moi ensuite parce que j’aime énormément ce qu’il fait.
Je rêve d’ailleurs de posséder une toile de lui mais après avoir parlé avec l’un de ses galeristes (car je n’ai jamais osé demander directement à Alex combien coutait un de ses tableaux), j’ai compris que même avec un prix d’ami, cela restait largement au-dessus de nos moyens.

Deuxième réaction : le stress du “Kes ke”.

Comme je me moque complètement de la mode, ai une garde-robe très limitée et que de toutes façons quoi que je porte ici, les gens me trouvent toujours très élégante (!), j’échappe royalement (oui, oui, car mon allure élégante me donne sans nul doute un port royal !) au stress du “Kes ke j’vais bien pouvoir mettre ?”

En revanche, le “Kes ke je vais bien pouvoir faire (pour : éviter Fidel qui risque sinon de me coller aux basques une bonne partie de la soirée / expliquer à Miquel  pourquoi je ne suis pas allée aux deux dernières expos qu’il a organisées / poser mon derrière sac lorsque mes jambes n’en pourront plus d’être debout et que, of course, il n’y aura pas une seule chaise ni banc aux alentours) ? ” me frappe de plein fouet.
Et j’ose à peine évoquer le “Kes ke que je vais bien pouvoir dire ?” qui me met carrément à terre (Bonjour le lapsus, j’avais écrit “taire”… ) tellement je me sens bête et inculte et tout et tout.

Bref,me voilà obligée de recourir à tout mon amour et toute mon admiration pour Alex pour lui répondre de compter sur nous, que nous viendrons !

Car tu ne le sais peut-être pas mais aller à un vernissage peut s’avérer être un méga piège.
Naïf, tu y vas comme au musée, avec l’idée que tu vas pouvoir découvrir des choses, ouvrir ton regard, t’étonner, savourer du beau [et éventuellement une coupe de cava ou de vin -Personnellement, je ne bois pas mais j’ai l’impression qu’il y en a qui y vont principalement en partie pour boire et manger gratis… ], etc..
Erreur ! Tu vas surtout te retrouver au milieu d’un tas de gens qui s’y connaissent en art (ou pas mais qui font en tout cas sacrément bien semblant !) et qui vont te demander ton avis…
Or, si tu es comme moi, plutôt limité en vocabulaire et dans ta perception et appréciation de l’art (qui se résume pour moi à “J’aime” / “J’aime pas”), et bien, la soirée peut vite tourner au cauchemar.

Le pire étant, lorsque c’est l’artiste lui-même qui sollicite ton avis comme si sa vie dépendait de ton opinion pas du tout pertinente et que… tu n’aimes pas du tout ce qu’il fait !
Pas de sa faute à lui, pas parce qu’il est mauvais mais parce que tu n’a rien compris à son travail ou plus basiquement parce que, comme on dit, les gouts et les couleurs, ça ne se discute pas et moi, comme je suis hyper primaire, et bien les couleurs jouent un rôle justement très important dans mon processus j’aime/j’aime pas.
Malheureusement, ce n’est pas le genre de choses qu’un artiste peut entendre ou même tout simplement comprendre car sa vision à lui, elle est certainement loin d’être basique.
Bref, tu te retrouves in la mierda.

Alors ? me demanderas-tu avec angoisse “Kes ke l’on peut faire dans ces cas là ??? ”.
Et bien, si tu es aussi peu doué que moi pour te dépatouiller de ce genre de situation, je te conseille de :
- surtout ne jamais regarder l’artiste (des fois qu’il déchiffre ton embarras ou le mensonge que tu vas lui sortir)
- concentrer de manière intense ton regard sur la toile / photo / statue en hochant de temps en temps la tête comme si tu menais un dialogue intérieur avec ton “toi” subjugué.
NB: tu peux aussi avancer, reculer, pencher la tête à gauche et puis à droite… avec une main repliée sous le menton (façon Penseur de Rodin), j’ai noté que c’était encore mieux. Ça faisait plus réflexions profondes et hautement intelligentes.
- et lorsque tu sens que le pauvre est au bord de l’évanouissement tant l’attente de ta réponse lui est insupportable, tu lâches, toujours sans le regarder, un adjectif finissant en “ant” genre : intéressant, fascinant, chiant, captivant, etc,
Pour donner encore plus de poids à tes paroles et le rassurer un peu plus, tu peux aussi répéter l’adjectif en hochant 2/3 fois la tête mais surtout, toujours sans le regarder.

Ensuite, on attaque la phase la plus délicate qui demande tout un art : la fuite !!!
Pour ce faire, je te recommande :
1. de te tourner enfin vers l’artiste d’un air grave (car tu es encore tout secoué par cette interconnexion profonde avec ton toi tout remué par son chef d’œuvre),
2. lui sourire d’un air heureux (là, pas besoin de te forcer, l’idée que ton calvaire va bientôt prendre fin, le fait naitre tout naturellement sur tes lèvres)
3. le féliciter aussitôt avec un tonitruant “bravo” (car il ne faut surtout pas qu’il ait le temps d’ouvrir la bouche pour te demander plus d’explications) tout en te jetant sur lui pour le serrer dans tes bras.
4. enfin, alors qu’il est encore tout bouleversé par l’agression que tu viens de lui faire subir, de marcher d’un pas décidé vers la sortie, la tête haute et fière, totalement ignorante des regards consternés sur ton passage et des commentaires absolument pas constructifs ni artistiques qui te traitent de dingue.

Bon, à moins que l’on me demande d’opiner sur le fait de “cautionner l'irréalité sous des aspérités absentes et désenchantées de nos pensées iconoclastes et désoxydées” *, je réalise que cette fois-ci tout devrait bien se passer puisque j’aime énormément, et Alex et ce qu’il fait.
Je m’apprête donc à terminer ce post sur une note profondément positive et optimiste lorsque tout d’un coup le doute m’étreint : Et si je croisais là-bas l’une de mes victimes et qu’il veut me rentrer dans l’art ???

Kes ke je stresse mais kes ke je stresse….

 

* Mon hommage aux Inconnus qui me font toujours autant rire, même 20 ans après.

 

Humeur : Les Inconnus - Et vice et versa (of course)

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