S’il y a bien une chose qui m’agace, c’est l’incohérence et notamment, la contradiction ou le manque de suite entre les discours et les actes.
Or, à ton avis, qui ai-je surpris en flagrant délit d’incohérence ?

Moi !!!

Mardi 27/09/11 - 10H
Je parcours mon agenda jusqu’à la mi-novembre et soupire : une succession de dîners défile sous mes yeux.
Pas un vendredi ou un samedi soir arborant un espace vierge qui serait synonyme de repos ou de soirée tranquille.
Ne va pas croire que je me plains car j’adore voir nos amis.
Enfin si, crois-le car même si une fois que la rencontre a lieu, je suis absolument ravie, je souffre souvent d’une telle flemmardise le week-end que le simple fait de m’habiller me demande un effort et me fait trainer les pieds.
Alors, je ne te parle même pas du fait de cuisiner, d’autant que je déteste ça !
Je feuillète d’ailleurs mon agenda dans l’autre sens en râlant parce que je me demande ce que je vais bien pouvoir cuisiner, essayant -en vain- de me rappeler ce que j’avais préparé les fois d’avant pour éviter de refaire la même chose, s’il me serait possible d’inviter quelqu’un d’autre pour compléter la tablée et si oui, qui ?, etc..
Bref, la desperate housewife dans toute sa splendeur, les talents et névroses de Bree en moins toutefois.

Le même jour 16H10
J’ai RV avec un dermatologue que je n’ai pas vu depuis des années: Enric R.

Nous nous sommes rencontrés en septembre 2007, alors que le climat humide d’Atlanta (et la nourriture selon Rob) avait finalement eu raison de ma peau jusqu’alors sans problème.
J’avais immédiatement ressenti un profond élan de sympathie pour cet homme souriant et chaleureux qui prenait le temps d’examiner et écouter au lieu d’expédier la visite en 5/10’ maximum, comme le font tous les médecins à qui j’ai eu à faire ici.
Il m’avait d’ailleurs tellement accordé de temps que nous en étions venus (je ne sais plus par quel biais) à évoquer et déplorer… l’absence de responsabilité chez nos contemporains !!!

Nous nous sommes recroisés une seconde fois en 2008, peu avant que nous ne quittions une nouvelle fois BCN pour aller cette fois-ci vivre à Chicago.
J’avais alors RV avec l’une de ses assistantes. Avant de la suivre, j’avais laissé au secrétariat à l’attention de celui que je considérais désormais comme “mon” dermatologue une enveloppe dans laquelle se trouvait La tentation de l’innocence de Pascal Bruckner ; livre que j’avais proposé de lui prêter lors de notre RV précédent.
Quelle ne fut pas ma surprise de le voir entrer dans la petite salle dans laquelle je me trouvais pour venir me saluer et me remettre un cadeau. Joliment emballé, je découvrirai plus tard un bien joli livre : “Le chevalier à l’armure rouillée de Robert Fisher.

Depuis, plus rien. Parce que j’ai la chance d’avoir très peu de problèmes nécessitant l’avis d’un dermatologue et surtout, parce que les rares fois où j’ai eu besoin de ses services, son agenda était tellement rempli qu’il ne m’était pas possible d’obtenir un RV avant plusieurs semaines. De fait, ce RV a été pris au mois de juillet…

Je me retrouve dans son nouveau bureau, devant lui. Comme moi, il a un peu vieilli, un peu grossi aussi mais je sens toujours chez lui cette profonde gentillesse derrière le regard malicieux. Lui non plus ne m’a pas oubliée et nous nous disons le plaisir que nous avons à nous revoir. Mon problème ayant depuis le temps évidemment disparu, l’aspect médical est rapidement traité.
Nous évoquons à grands traits les quelques changements intervenus dans notre vie.
J’ai envie de mieux connaître cet homme mais je me sens aussi curieusement gênée de monopoliser son temps alors que je n’ai plus de problèmes et que sa salle d’attente est pleine à craquer.

Est-ce pour cela alors que je l’invite finalement à venir dîner chez nous un soir de novembre encore joliment vide dans mon agenda ???
A peine les mots franchissent-ils ma bouche qu’une part de moi se désole d’être décidément incorrigible et m’avise, qu’à l’avenir, plus question de me plaindre.
Et puis, il y a cette autre part qui le voit surpris mais aussi profondément touché et qui se réjouit d’avoir finalement osé lui proposer cette invitation.

Un petit dîner ?

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